Mostro

polystyrène, plâtre, bois, métal, acrylique, nacre et vernis
162,5 × 83 × 174 cm
2014

Exposition Faux-Lumes, curated by Option Objet&Art, Hear Strasbourg

CEAAC (Centre Européen d’Action Artistique Contemporaine), Strasbourg

À propos de Mostro

Mostro est une vague rugissante se dégageant d’un parallélépipède, placée sur une table métallique. La mer est ici représenté telle un corps exprimant l’animalité d’une vague* d’où son titre qui signifie Monstre en italien. Les pieds de la structure en métal la soutenant se substituent à des pattes et renforce cette idée de mutation. L’horizon d’où s’élance la vague, indéchiffrable et lointain, se retrouve domestiqué à hauteur de table, d’où semble naître cette vision.
Un séjour sur l’Île d’Oleron en Hiver et la découverte du groupe de Scylla en ruine de la Villa de Tibère à Sperlonga en Italie ont été des sources d’inspiration importantes pour ce travail. Comme pour le Laocoon du Vatican (attribué aux mêmes auteurs) la sculpture du Scylla raconte le combat entre un monstre — fils de Typhon — et l’équipage d’Ulysse, évoquant d’une certaine manière la monstruosité de la Mer. Cette lutte entre l’Homme à la mer se retrouve dans les vestiges eux-mêmes. Fortement dégradés par les éléments – les sculptures se trouvant à l’origine dans une grotte au bord de mer – ils allient la force de l’érosion au tumulte du baroque Hellénistique. Les sculptures de marbre détruites par les tremblements de terre et usés par les vagues incessantes semblent redevenir des pierres. Elles conservent pourtant la force des dessins qui leurs ont été imprimés et il est difficile de distinguer dans quel sens se passe la transformation : du monstre à la pierre ou de la pierre au monstre ?
Mostro est habité par le souvenir de ces sculptures et par les vagues sombres de l’Océan Atlantique en Hiver.

*Nous retrouvons ce qualificatif dans la description de Jocelyn Bouquillard, conservateur à la B.N.F, à propos de la vague d’Hokusai « dont la crête écumante ressemble aux griffes d’un animal. » (Hokusai, Les Trente-six vues du mont Fuji) et dans l’observation de Céline Flécheux, philosophe, à propos de La Vague de Courbet, « avec sa gueule d’animal abyssal » (L’Horizon)